J’ai un corps de femme. Mon corps de femme vient avec des seins et un pénis. Avant il n’avait pas de seins. C’était quand même un corps de femme. Un jour il aura une vulve et un vagin. Mais c’est déjà un corps de femme.
On me dit souvent que je n’ai pas un corps de femme, que j’ai un corps d’homme. Qu’un corps de femme, ça a une vulve et un vagin. Je ne vois pas pourquoi. Après tout, ne suis-je pas une femme? Si je suis une femme, mon corps ne serait-il pas un corps de femme? Ça serait logique.
Comment décide-on ce qu’est un corps de femme? Je m’imagine qu’on prend l’ensemble des femmes, qu’on regarde le corps qu’elles ont en commun, et le baptisons corps de femme.
Si on a un ensemble de cubes, deux cent sont rouges et un est bleu, dirait-on que la couleur des cubes est rouge? On dira que la couleur des cubes est habituellement rouge, mais parfois bleue. Si on dit que les cubes sont rouges, on nous accusera d’avoir oublié le cube bleu. C’est un jeu d’enfant.
Quand on dit que le corps d’une femme a des seins, une vulve et un vagin, on dit que les femmes trans ne sont pas comptées. On dit qu’au moment de décider ce qu’est un corps de femme, on a exclu les femmes trans du compte. Ça revient donc à dire que les femmes trans sont dès le départ refusées comme femmes. Dire qu’une femme trans a un corps d’homme, c’est dire qu’à la base on ne la considère pas être vraiment une femme.
Or, je suis une femme. Je devrais être comptée, autant qu’un cube rouge. C’est aussi simple que de dire que les corps de femmes ont habituellement des seins et un vagin, mais parfois pas. Parfois ils n’ont pas de seins. Parfois ils ont un pénis. Des corps de femmes, c’est aussi varié que les femmes qui les habitent.
J’ai un corps de femme. Mon corps de femme vient avec des seins et un pénis. C’en est pas moins un corps de femme.
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